L'Élégance du hérisson - Muriel Barbery
Alors, buvons une tasse de thé. (23)
Je me suis fait dire maintes fois que les traductions du roman L'Élégance du hérisson sont toutes aussi excellentes, mais je voulais le lire dans le texte, question que Mme Michel, concierge et personnage principal, aurait sans doute apprécié l’importance.
Il renifle bruyamment, renvoyant la coulure nasale là d’où elle n’est même jamais venue et je suis contrainte par la rapidité de l’action à assister aux contractions fébriles de sa pomme d’Adam en vue de faciliter le passage de ladite. (21)
Le texte est en soi un plaisir, au vocabulaire pointu et tournures de phrases qui virent vers le sarcasme. On dirait que certaines parties on dues être écrites pour moi, comme quand Mme Michel lit une introduction à la phénoménologie de Kant en prenant une bouchée de chocolat noir 70% pour en faire comparaison.
Si on y réfléchit bien, il n’y a rien de plus laid qu’une porte ouverte. Dans la pièce où elle se trouve, elle introduit comme une rupture, un parasitage provincial qui brise l’unité de l’espace. (40)
Une des thématiques principales sont les structures socio-économiques qui sont imposées par la société, mais le roman est aussi une inquisition sur la beauté, la philosophie et l’Art, en autre mots – la vie.
Mais il est si exténuant de désirer sans cesse… Nous aspirons bientôt à un plaisir sans quête, nous rêvons d’un état bienheureux qui ne commencerait ni ne finirait et où la beauté ne serait plus fin ni projet mais deviendrait l’évidence même de notre nature. Or, cet état, c’est l’Art. (58)
N’ayant même pas encore fini le livre, me voilà en train de pleurer à grosses goutes tout simplement parce ce que je resent cette lourdeur, ce sentiment que la vie qui n’est à priori ni trop dure ni trop belle, mais tout simplement trop large pour que je puisse la contenir d'un seul coup.
Ces jours-là , vous avez désespérément besoin d’Art. (25)